Extrait du site Agence Science-Presse, publié le 11 décembre 2018 (Isabelle Burgun – Santé/médecine)
Prendre des antidépresseurs aurait des effets bénéfiques pour la santé mentale, mais aussi pour le cœur, selon une récente étude québécoise. Une bonne chose si c’est exact car, comme le tabac et la sédentarité, la dépression s’avère un des facteurs de risque de troubles cardiovasculaires.
Cette étude observationnelle montre ainsi une forte diminution du risque de troubles cardiaques chez les personnes sans maladies cardiovasculaires déclarées et sous antidépresseurs. Ces médicaments « diminuent de 30 % le risque de troubles cardiaques majeurs chez les patients à risque », soutient Kim Lavoie, du Département de psychologie de l’UQAM et auteure principale de l’étude. La diminution du risque serait même de 46 % chez ceux qui ne présentaient pas de troubles cardiaques au début de l’étude.
Durant huit années, les chercheurs ont suivi 2385 personnes de 18 à 75 ans, avec et sans maladies cardiaques déclarées, qui s’étaient présentées à l’Institut de cardiologie de Montréal pour un test à l’effort destiné à mesurer le risque de troubles cardiaques. Ils étaient également soumis à des entrevues médicales, psychiatriques et sociodémographiques et devaient rapporter leur historique de maladies cardiovasculaires et de prescriptions d’antidépresseurs.
Un questionnaire destiné à dépister la présence de dépression (Beck Depression Inventory) et un autre moins spécifique, de dépistage de troubles mentaux (PRIME-MD), devaient être complétés. « Si une personne combine des troubles dépressifs et des troubles cardiaques, cela double son risque de mortalité, d’où l’importance d’intervenir pour ceux qui présentent cette double condition médicale », explique Kim Lavoie.
Près de 41 % des personnes avaient un historique de maladie cardiaque et 39 % souffraient de dépression, soit 921 personnes. Parmi ces dernières, seulement 116 (12,6 %) étaient sous antidépresseurs au début de l’étude ; le total monte à 190 si on ajoute les personnes atteintes de troubles anxieux également sous médication — Paxil, Zoloff et autre Celexa dans près des trois quarts des cas.
Cela ne signifie pas que l’on doive prescrire des antidépresseurs comme traitement préventif à des personnes qui n’en ont pas besoin. L’idée derrière cette étude serait plutôt de promouvoir le dépistage systématique des troubles dépressifs chez les personnes dont la santé cardiaque risque de faire défaut.